Au milieu des années 90, Margaux Lespoir, 33 ans, est chirurgienne à La Chartreuse, un petit hôpital de province. Bien que promise à un grand avenir, elle a fait le choix de travailler dans un hôpital de proximité plutôt que dans une clinique privée. Elle préfère soigner, sauver tous ceux qui en ont besoin. Malheureusement, l’hôpital de Chatenay est trop petit pour remplir les nouveaux critères de quotas et de rentabilité pour réduire le déficit de la sécu. La nouvelle vient de tomber : le service des urgences et celui de la maternité sont menacés de fermeture.
Si Margaux ne travaille pas aux urgences, elle doit parfois opérer en urgence comme cet enfant qui arrive en détresse respiratoire. Pas le temps d’opérer sinon il sera trop tard, elle pratique une trachéotomie et sauve le petit Marc-Antoine. Ou encore un jeune de 19 ans fauché par une voiture dont le conducteur a perdu le contrôle. Malheureusement, l’hémorragie interne est trop importante pour sauver le jeune Karim.
Fille du cru et fille de paysans, Margaux est très attachée à l’hôpital de proximité qui soigne aussi bien les plaies du corps que celles de l’âme des petites gens. Elle aime se mettre à la portée de ses patients à qui elle explique l’opération qu’elle va pratiquer car expliquer et rassurer contribuent aussi à la réussite d’une opération. Issue d’un milieu modeste, elle ne s’est jamais sentie à l’aise avec le milieu bourgeois dont sont souvent issus ses pairs. Elle se sent plus proche et plus à l’aise avec les infirmier(e)s, les aide-soignant(e)s avec qui elle partage le repas à la cantine mais aussi l’amitié comme Marie, un rayon de soleil venue des Antilles ou Jordan un réfugié libanais.
Le personnel de l’hôpital et les habitants de Chatenay et de ses environs se mobilisent pour sauver leur hôpital. Fille de paysans, femme, mère célibataire, chirurgienne le quotidien de Margaux est depuis toujours un combat. C’est donc naturellement qu’à la suite d’un article dans le journal local, elle se retrouve propulsée en avant, médiatisée et qu’elle devient l’égérie du combat pour sauver La Chartreuse.
C’est la parution de cet article qui permettra à Bernard de Montpensy, chef cuisinier et fils d’un grand propriétaire viticole, de la retrouver. Lors d’une sortie au restaurant avec ses amis épicuriens, elle a fait sa connaissance et est tombée sous son charme. Elle ne se doutait pas que le coup de foudre était réciproque. Elle n’avait pas connu une telle attirance depuis des années, en fait depuis sa relation avec le père de son fils.
Margaux était en 3ème année de médecine lorsqu’elle rencontre et tombe follement amoureuse de Benoît Duriez un étudiant en médecine. Quand elle tombe enceinte, ce dernier a peur de ce que diront ses parents. Elle décide de garder l’enfant et de l’élever seule. Aujourd’hui, Eric âgé 11 ans n’est pas un pré-ado comme les autres, il ne peut pas jouer au foot ou faire du vélo comme ses copains à cause de sa jambe restée en équerre suite à une infection au genoux par un staphylocoque. Une opération au moment de la puberté est envisageable, Margaux y songe, non pas comme une chirurgienne mais comme une mère, alors elle a peur que l’opération rate et ne laisse Eric handicapé à vie. Alors, elle repousse sans cesse cette idée à plus tard.
Au fil des pages, on partage le quotidien de Margaux fait de joies, de peines, de combats, de réussites, de peurs… Sa vie à l’hôpital, ses amours, sa famille permettent à Janine Boissard d’aborder de très nombreux sujets tels que la gestion de la douleur, la fin de vie et l’acharnement thérapeutique, le sida, l’avortement, l’adoption mais aussi la dépression, la maltraitance ainsi que les relations homme/femme, les classes sociales, la vie des femmes modernes devant conjuguer carrière et vie personnelle ou encore la famille monoparentale, grandir sans père, le handicap, la place et l’importance des parents dans l’éducation, l’avenir et la vie de leurs enfants…
Un bon moment de lecture grâce à une écriture moderne et bienveillante, ainsi qu’une justesse dans la description des situations, des personnages, leur caractère et leurs émotions. Petit coup de cœur pour le personnage de Jeanne son ancienne institutrice, amie et confidente qui est truculent. Une impression d’être dans la vraie vie. Si certains thèmes ont évolués en 25 ans, beaucoup sont toujours d’actualités. Jeanine Boissard aime faire passer des messages par son écriture et ainsi faire réfléchir ses lecteurs. Ici, le principal message est qu’à chaque moment de sa vie l’être humain a besoin d’être reconnu pour exister.
Un livre à découvrir ou à relire !
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Au début du confinement, je n’avais pas vraiment de livres à lire sous la main et je regrettais de ne pas avoir anticipé en faisant un emprunt conséquent à la bibliothèque. Jusqu’à ce que ma fille me demande d’aller lui en chercher un, je n’avais pas pensé à piocher dans mes livres stockés au grenier. En fouillant, je suis tombée sur ce livre dont le thème sur les « soignants » était tout à fait dans l’air du temps. Si je ne me souvenais plus de l’histoire lue il y a plus de vingt ans, j’en avais conservé le souvenir d’un bon moment de lecture et le vague souvenir d’une sérié télé adaptée de ce roman. Une petite recherche sur internet m’a confirmé que ce livre, l’un des best-sellers de Janine Boissard, a été adapté pour la télévision en une série de 6 épisodes avec Sandrine Bonnaire dans le rôle de Margaux diffusée sur France 2 en 1997.
Cette lecture m’a donné envie de relire un autre best-seller de Janine Boissard lu dans les années 80 : la saga « Esprit de famille » publiée à la fin des années 70 racontant la vie d’une famille composée de 4 sœurs âgées de 13 à 20 ans. Un grand feuilleton avait aussi été tiré de cette saga.
Une femme en blanc
Roman de Janine Boissard
Paru aux Éditions Robert Laffont en 1996 (Mon édition est celle du Club France Loisirs et inclut une jolie nouvelle intitulée Jeanne R. ) – 481 pages
ISBN : 2-7441-0255-5