C’est après avoir vu Riad Sattouf faire la promotion du tome 2 à la télévision que j’ai eu envie de lire l’Arabe du futur 1 et 2. Son humour et son talent de conteur se retrouve dans cette bande dessinée autobiographique qui relate son enfance (2 à 12 ans) au Moyen Orient.
Riad Sattouf est né en 1978 d’une union mixte entre une Bretonne et un Syrien. Ses parents se sont rencontrés lors de leurs études. Après une thèse en histoire contemporaine et une recherche de travail infructueuse, son père trouve une place de professeur à l’université de Tripoli. C’est ainsi que débute son enfance au Moyen Orient, d’abord en Lybie puis en Syrie.
La première chose qui interpelle, c’est la chromatologie du livre. L’auteur a utilisé un code couleur selon le lieu où se déroule l’histoire : bleu pour la France, vert pour Jersey, jaune pour la Lybie et rose pour la Syrie. L’encre de Chine et cette monochromie mettent en valeur un dessin simple mais efficace et ultra-expressif.
Dans le premier tome, Riad Sattouf raconte la rencontre de ses parents, leur arrivée et leur vie en Lybie au début des années 80. Un pays de dictature et de propagande où la propriété privée n’existe pas et où la nourriture est offerte par le régime sous forme de rationnement et avec très peu de variété. Les maisons ne ferment pas à clé sauf de l’intérieur et qu’il ne faut surtout pas laisser inoccupées quelques heures sinon d’autres se les approprient. C’est ainsi que pendant les deux années où ils vécurent en Lybie, ils n’ont jamais fait de sortie en famille. Lorsque Kadhafi promulgue de nouvelles lois obligeant les gens à échanger leur emploi, son père décide qu’il est temps de quitter la Lybie. Après un passage en Bretagne, la famille s’installe alors en Syrie dans le village natal de son père. La vie en Syrie n’est pas très différente de celle de Lybie, seule le visage du dictateur change sur les affiches. Riad, petit blondinet, se fait traiter de juif par ses cousins.
Dans le deuxième tome, Riad Sattouf a grandi, il n’est plus simple observateur mais devient acteur de son histoire tout en relatant la vie des adultes qui l’entourent. Il raconte surtout sa vie d’écolier en Syrie ainsi que sa vie avec ses parents (famille du père, amitié avec un général…). Cette première année d’école est pour lui un grand changement. Les deux pages ci-dessous en disent long sur son premier jour d’école et le souvenir qu’il en a conservé !
Le ton humoristique et le mode de narration choisi (à travers les yeux d’un enfant) lui permettent de traiter de nombreux sujets (mariage mixte, chocs des cultures, dictatures, traditions, honneur, famille…) sans jugement ni clichés. Ce qui m’a le plus surpris c’est le climat permanent de haine et de violence et notamment les sévices corporels infligés aux enfants.
Malheureusement, la série comportera 3 tomes, le dernier n’étant pas encore paru. Ce dernier tome me semble prometteur car il retracera sa vie en Syrie de 7 à 12 ans avec entre autre l’épisode de sa circoncision, moment important et traumatisant de son enfance auquel il a consacré une bande dessinée.
Un témoignage sur une époque de l’Histoire d’une partie du Moyen Orient qui est en ce moment en plein bouleversement. A découvrir !
L’arabe du futur
Bande-dessinée autobiographique en 3 tomes de Riad Sattouf
Parue chez Allary Editions
Tome 1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978 – 1984)
Tome 2 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1984 – 1985)Tome 3 à paraître